reflet

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19 novembre, 2006

Pourquoi j'ai tué mon ombre

Je m'en rappelle encore, cette manie qu'elle avait de toujours prendre de l'avance sur moi et j'avoue qu'au début, je trouvais ça comique. C'était comme un grand frère qui me montrait toujours quoi faire. Et la première fois que je l'ai vue, que j'ai pris conscience qu'elle était là, je me suis dit "Tiens, je ne serai plus jamais seul" J'ai passé des semaines à l'admirer, à l'épier, à enregistrer tous ses détails.

Puis je me suis mis à observer les autres, à regarder leurs comportements. Mais ce n’était pas pareil, c'était statique, c'était objectif, sans arrêt, ça faisait même parfois le tour complet des objets. Alors ça m'a mis en furie, en pétard, de voir cette jolie masse noire, obéissante, non pas seulement au propriétaire, mais aussi au soleil.

Et moi, non mais bordel! Ce n’était pas ça du tout! Au lieu d'avoir une ombre qui docile, comme tout les autres, j'avais ce truc qui faisait des mouvements avant même que j'aie eu le temps d'y penser. Elle se levait même une minute avant moi pour aller faire le café, et quand je commençais le mien, elle avait fini le sien depuis belle lurette.


Je me souviens même une journée où, quand j'ai décidé de rompre avec ma copine, au moment de se quitter pour de bon mon ombre est partie avec elle. Haha! J'étais content, ça faisant deux pierres d'un coup. Bon débarras! Mais elle a eu le culot de revenir en rampant dans le salon, comme si elle avait le droit de revenir à sa guise!

Elle devenait de plus en plus arrogante. Elle se plaçait toujours devant moi, mais quand c'était le moment de faire des trucs important, mon ombre s'en dispensait. Elle ne se brossait plus les dent, ne faisait plus les files d'attente dans les magasins, ne payait plus à la caisse et parfois ne me suivait plus.

Un jour, pendant que je marchais dans la rue, elle a dépassé mes limites. J'étais sur le trottoir d'une rue achalandée par un temps ensoleillé. Je marchais tranquillement quand je vis cette femme, cet ange sublime venait à contre-sens, dans ma direction. Je n'avais pas jamais vue une fille aussi belle. Mais comme à l'habitude des gens normaux, le ne l'ai pas dévisager très longtemps. Lors qu'elle est arrivée à ma hauteur, j'ai même baissé les yeux pour regarder le sol.

Mais c'est à ce moment que la situation à dégénérée. Mon ombre a agrippé l'ombre de cette femme et a pris la fuite avec dans une ruelle. "Hey, revient ici!" criais-je. La femme ne s'est pas rendu compte que son ombre a disparu. Elle n'est seulement retournée et m'a regardé comme si j'étais un taré. Tant pis pour elle...


Moi, je n’allais pas en rester là. Je suis rentré chez moi et j'ai décidé que j'allais attendre que mon ombre revienne. J'avais ramassé un gros couteau de cuisine et je l'attendais, assis dans fauteuil du salon. Elle est revenue vers onze heures, toujours rampante, mais avec un couteau à la main. Je me suis ruer sur elle en plantant le couteau et à partir de ce moment, j'ai dû perdre le file du combat. Je me suis réveillé dans une cellule capitonnée.


Dehors, j'ai vu deux hommes passer. Ils ont regardé par la fenêtre. Je pouvais entendre leur conversation:

- Charles, celui-là il est ici pourquoi?
- Il était normal, un type banal mais, il y a un mois, il a pété les plombs. J’ai entendu dire, qu'il avait violé un femme et tenté de mettre fin à ses jours par la suite.


Et j'ai regardé vers le sol pour la voir, encore et encore.

Je m'en rappelle encore, cette manie qu'elle avait de toujours prendre de l'avance ...

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